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Commémoration de juin 1944, ne pas oublier les victimes civiles, récit d’un officier américain et historien par Guy MALHERBE

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Alors que la semaine va être très largement consacrée aux commémorations du débarquement sur les côtes normandes, un officier américain devenu historien qui a enseigné dans les académies militaires des États-Unis, Stephen Bourque, rappelle dans un livre publié en anglais et traduit : « Au- delà des plages. La guerre des Alliés contre la France » (1) et dont le sous-titre paraîtra excessif, que les Allies en 1944 n’ont pas fait une guerre CONTRE la France ; mais qu’ils ont menés une guerre en France contre les Allemands.

Ce que l’auteur décrit est l’emploi des bombardements aériens massifs sur des cibles civiles non militaires qui firent beaucoup de victimes civiles. Il rappelle que quatre mois de bombardements alliés en Normandie en tuèrent plus, entre 60 000 et 70 000, que les bombardements allemands pendant toute la guerre en Angleterre.

Il s’agit d’un livre précis sur les grandes opérations aériennes, sur leurs objectifs ; centre ferroviaires, ponts, usines, sur l’efficacité de l’aviation de bombardements en termes de précision, sur les effets négatifs de cette forme de guerre. Il cite les villes détruites comme Saint- Lo, Lisieux, Caen. On imagine mal l’ampleur de ces opérations : 56% de toutes les bombes alliées larguées en France le furent entre Juin et Août 1944 et la France, la Belgique, les Pays-Bas et l’Italie furent ensemble plus bombardées que l’Allemagne ! Pour les essonniens, nous pourrions ajouter les bombardements de Juvisy, Athis Mons, et le pont au 5 arches à Epinay, qui visaient la ligne ferroviaire Paris – Orléans – Sud – Ouest.

L’objectif du côté allié consistait à éviter, par cette pluie de bombes détruisant tout, la concentration de troupes allemandes qui auraient pu rejeter les troupes alliées à la mer, et les pertes humaines de la guerre de 1914-1918, mais elles furent imprécises, moins d’un quart des bombes touchèrent leur cible et très dommageables pour les populations et les équipements publics.

Pour Stephen Bourque , désormais , lorsque les autorités américaines, anglaises et françaises rendent hommage à l’héroïsme de soldats qui débarquèrent et commémorent ceux qui périrent, il ne faut pas oublier les civils français victimes des bombardements.
C’est un conseil donné par un militaire américain historien . Venant d’un français, il pourrait être considéré comme un reproche teinté d’ingratitude. En Normandie et ailleurs, les français ont certainement subi ces pertes avec une dignité stoïque comme une contrepartie malheureuse nécessaire à leur libération.

Mais l’auteur américain a posé la question, qu’elle réponse leur sera apportée lors de la commémoration du 80ème anniversaire du débarquement en Juin 2024 ?

(1) traduit de l’anglais, éditions Passes composés, 2019. 414 pages.