Compte-rendu de la commission francophonie du 23 février 2023
Avec l’Amicale des Anciens Sénateurs et l’association des Anciens Députés des pays membres du Conseil de l’Europe.
Pistes de travail qui se dégagent de la discussion
- Demander la révision de la loi Toubon, commencer en auditionnant M. TOUBON.
- Rencontrer l’Association Internationale des Enseignants de Français.
- Prendre contact avec les parlementaires québecois qui ont la même réflexion sur la langue.
- Rédiger un texte qui définisse le contenu de notre participation au 19ème Sommet de la Francophonie, qui aura lieu en France en 2024, cosigné par ceux qui sont ici et le diffuser pour que cette liste s’allonge.
- Faire une lettre-pétition au Président de la République et à la Secrétaire Générale à la Francophonie, pour exiger des actions locales qui accompagnent l’évènement du Sommet. Si on laisse faire, il ne se passera rien sur le territoire en dehors de l’évènement parisien.
- Organiser une rencontre dans le cadre du Village entre les anciens parlementaires européens francophones et francophiles, et des jeunes (ambassadeurs ?) pour apporter des témoignages et échanger sur les valeurs véhiculées par la langue française.
- Organiser un colloque dans le cadre du Village sur l’intérêt de la Francophonie :
*Sujets :
Comment les citoyens francophiles peuvent être une plus-value à la Francophonie et apporter d’autres horizons ?
Le scandale des frais d’inscription pour les étudiants.
La nécessité de redonner du poids aux sections françaises au sein des institutions internationales.
*Intervenants : Paul de Sinety des linguistes et d’autres acteurs.
- Continuer ces réunions entre parlementaires francophones et francophiles européens.
Compte-rendu de la réunion
Présents (à vérifier) :
D’HONDT Denis | Flobecq, Belgique |
HERZET-GOVAERS Jacqueline | Flémalle, Belgique |
CLERMONT Eric | Ixelles, Belgique |
LOMBARDI Filippo | Bellinzona, Italie |
VAN DER MEI | De Meern, Pays-Bas |
HOLTZ Uwe | Graudenz, Allemagne |
MARTINEZ Miguel Angel | Madrid, Espagne |
GOMEZ Carmen | Fonsagrada, Lugo, Espagne |
REMILLER Jacques | Condrieu, France |
FOURRÉ Jean-Pierre | Matignon, France |
LE GUENNEC Claire | Vannes, France |
BOURDARA Kalliopi | Athènes, Grèce |
RIVOLTA Dario | Desio, Italie |
HAUPERT Norbert | Schiffange, Luxembourg |
WEBER Marielle | Niedercorn, Luxembourg |
STROTZ Nicolas | Belvaux, Belgique |
NANDIN DE CARVALHO Luis | Lisbonne, Portugal |
SILVA Maria | Porto, Portugal |
LANTZ Kenneth | Helsingborg, Suède |
BOIJ-LANTZ Gunnez | Langaryd, Suède |
LEGENDRE Jacques France
KRABAL Jacques France
ESSAYAN Nadia. France
Accueil et introduction par Jean-Pierre Fourré.
Tour de table des présents
Lecture de la lettre de la présidente Françoise Hostalier, absente et excusée.
Présentation des objectifs et de l’activité de notre commission par Nadia Essayan qui remplace la présidente et anime la réunion.
Jacques Legendre : une langue exprime l’âme d’un pays. L’attachement à la langue française est souvent lié à l’attachement à la liberté. La langue c’est une façon de s’exprimer et des valeurs, une culture.
On peut aussi se poser la question suivante : y a-t-il une culture européenne ?
Je fais partie de l’Amicale des anciens sénateurs et le groupe de travail francophonie est en cours d’installation.
Anglicismes : si nous ne savons pas respecter notre langue chez nous, pourquoi voulons-nous qu’elle attire et soit respectée à l’étranger.
Loi Toubon : à réviser, un travail auquel on s’attache en commençant par une audition de M. Toubon.
Au Québec, les parlementaires ont la même réflexion, donc ce sera intéressant de prendre contact avec eux.
Jacques Krabal : l’APF que je connais bien est une institution. On est à un moment charnière de la perception de la francophonie. Francophilie, francophonie, même combat. Chiffres :350 millions francophones, le français est une des rares langues parlées sur les 5 continents, enrichie mais gangrenée aussi par le risque d’une hégémonie. La promotion de la langue française doit se faire en partenariat avec le multilinguisme. Toutes les langues sont menacées par l’anglosaxon qui lui-même n’a rien à voir avec la langue de Shakespeare. Les institutions seules ne peuvent pas agir, tous les francophiles doivent agir.
L’enjeu est de mobiliser les parlementaires, l’élite intellectuelle. Nous avons fait une déclaration des membres de l’APF pour redonner sa place au français au Conseil de l’Europe mais on n’a pas réussi, alors que les pays anglophones ne représentent plus rien.
Aussi je suis heureux de vous rejoindre. Merci de partager ce moment de résistance.
Villers-Cotterêts qui me tient à coeur ne doit pas être un musée, c’est un lieu qui doit être le cœur battant de la langue française et les parlementaires doivent remettre sur le métier la loi Toubon. Pour défendre une langue mais aussi une orientation du monde plus fraternelle.
Belgique : l’association des anciens parlementaires est très active. Deux méthodes pour promouvoir la langue française : l’invitation de deux écrivains et les relations avec le Rotary, par qui nous invitons des jeunes et nous échangeons avec eux en français, ils repartent avec l’envie d’apprendre mieux cette langue.
Kennetz Lantz, Suède : la langue française donne une bonne expérience et de grandes valeurs, le prix Nobel en littérature a été décerné à des Suédois deux ou trois fois, nous en sommes très fiers. L’anglais est enseigné très tôt dans la scolarité, le français est proposé parmi d’autres langues.
Luxembourg : scolarisation en français dès l’âge de 6 ans. Mais par exemple, j’ai vu que les panneaux publicitaires pour le recyclage des déchets ne sont écrits ni en luxembourgeois ni en français ni en allemand mais en anglais ! J’ai aussi constaté que les Français n’ont pas essayé d’étouffer les atteintes à la langue française dès le début. A Séoul, aux JO, les annonces étaient en coréen et en anglais, alors que le français est la langue fondatrice.
Miguel Martinez, Espagne : ma famille sait ce que signifient les valeurs portées par la Francophonie. Nous avons été en danger à cause de notre amour de la liberté. Ce qui me semble important, c’est que le français est une langue porteuse de valeurs.
Le français est porteur de joie. Je connais un grand nombre de jeunes, et je trouve que les jeunes français manquent de fierté vis-à-vis de leur langue et de leur pays. Une expression qu’on entend souvent, « c’est cocorico ». Il y a un nombre impressionnant de jeunes français qui disent du mal de leur pays, alors qu’on ne l’entendra jamais d’un Allemand, d’un Anglais. Une forme de mépris. Quel effort est fait en France pour cultiver le patriotisme ?
Nadia Essayan : la politique française envers les étudiants étrangers n’a pas été encourageante, diminution de bourses et frais d’inscription plus élevés. De ce fait, ils vont ailleurs ou restent chez eux. C’est vraiment dommage.
Jacques Remiller : Quand on était député, on ne se préoccupait pas beaucoup de la francophonie. Quels moyens peut-on demander de mettre à notre disposition ? Je suis délégué du Souvenir Français. On s’occupe de l’entretien, du souvenir, mais aussi de la connaissance de la République dans les écoles. Conférences pour bien connaitre notre histoire, pour mieux défendre la France et la langue française. C’est un levier qui peut être efficace.
Belgique : on ne promeut pas assez la variété, la précision et la finesse de la langue française, sa qualité remarquable qui en fait une langue unique. Souvent, lorsqu’on traduit, on ne retrouve pas l’équivalent dans les autres langues.
Jacques Krabal : le français est la langue de la paix, des droits de l’homme, de l’olympisme.
19ème Sommet de la francophonie : on pourrait y aborder le scandale des frais d’inscription pour les étudiants, et la nécessité de redonner du poids aux sections françaises au sein des institutions internationales.
Il y a des évènements satellites pas assez utilisés, comme le Village et le Forum économique que nous pourrions investir. C’est l’enjeu d’une rupture mais si on laisse faire les technocrates de Villers-Cotterêts, il ne s’y passera pas grand-chose. C’est un mouvement charnière. On doit faire une lettre au président de la République et à la secrétaire générale de la Francophonie, une pétition pour exiger une action locale qui doit se démultiplier partout. Si on laisse faire, il ne se passera rien.
Jacques Legendre : je reviens sur la discussion « francophones et francophiles ». Il faut associer aussi ces derniers. Demander que les députés francophiles du Conseil de l’Europe puissent venir à l’inauguration de Villers-Cotterêts.
Daniel Fourré : Que peut-on apporter de plus que ce qui est organisé ? Notre dimension européenne nous permet d’avoir du poids. On pourrait imaginer qu’au Sommet de la Francophonie, il y ait une place pour les anciens parlementaires européens francophones et francophiles, pour y apporter des témoignages, faire écho aux valeurs véhiculées par la langue. Ce serait une rencontre entre nous, les anciens parlementaires et des jeunes pour échanger dans le cadre du Sommet. Les jeunes écoutent les anciens.
Et nous pourrions rédiger un texte cosigné par ceux qui sont ici et le diffuser pour que cette liste s’allonge afin que l’on définisse le contenu de notre participation au Sommet.
Jacques Krabal : Les institutions ont montré leurs limites. Nous sommes toujours militants, des progressistes qui regardons l’avenir. Nous devons avoir une action propre pour regrouper les amoureux de la langue française.
Nous pourrions organiser un colloque sur l’intérêt de la Francophonie, comment les citoyens francophiles peuvent être une plus-value à la Francophonie et apporter d’autres horizons ? À faire à proximité du Sommet dans le cadre d’une participation au Village. Il doit être ouvert sur le Conseil de l’Europe et sur la jeunesse. Avec Paul de Sinety, et d’autres acteurs, des linguistes d’autres pays.
Il y aura 1000 jeunes ambassadeurs francophones au Sommet, il faut qu’ils soient issus aussi des pays francophiles.
Espagne : qu’est-ce qu’un pays francophile ? Je ne connais pas de pays qui n’aiment pas la France.
Nadia : pourtant il y en a, malheureusement ! je l’ai constaté en Tunisie, par exemple, ou au Burkina Faso, au Mali, en Algérie, des pays qui étaient francophones auparavant…
Jacques Legendre : il y a des francophones qui ne sont pas francophiles. On a raison de se poser la question. Il y a des gens qui s’intéressent à notre langue et à l’intérêt de la maintenir. François Cheng explique que l’anglais a sa raison d’être, mais le français aussi.
Nous devrions rencontrer l’association internationale des enseignants de français dans le monde. J’étais touché par la ferveur de ces enseignants.
Fin de la réunion. La plupart des participants ont déjeuné ensemble au restaurant du Sénat.