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Rencontre avec le Chargé d’affaires de Haïti : SE Louino VOLCY, le 12 décembre 2024

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Sont présents à la rencontre :

SE Louino VOLCY ainsi que le Conseiller politique de l’ambassade

Nadia ESSAYAN, présidente de la Commission francophonie du groupe des Anciens Député, Françoise HOSTALIER, Vice-Présidente de la Commission et Jean-Luc REITZER, Président de la Commission voyages.

Michel BOUVARD est excusé.

  1. La situation générale et le soutien de la France

Monsieur VOLCY a eu des contacts avec le Groupe d’Amitié France-Haïti de l’Assemblée nationale mais pour le moment celui-ci ne semble pas reconstitué. Dès que possible, il reprendra le contact.

Il souhaite que la France maintienne une aide significative notamment dans le domaine de la sécurité. Il faut former et équiper les forces haïtiennes de sécurité seules garants de l’état de droit. La France a octroyé 40 millions d’aide dans ce domaine. Il faudrait davantage et sur le long terme.

L’ONU a nommé un envoyé spécial pour Haïti et l’OIF (Organisation Internationale de la Francophonie) soutient les autorités de transition mises en place à savoir le Conseil présidentiel de transition composé de 9 membres (11 mars 2024) et un premier ministre chargé de conduire un gouvernement (le nouveau a été nommé le 11 novembre 2024).

  • Accueil des étudiants haïtiens en France

Les étudiants haïtiens doivent passer un examen linguistique qui semble assez sélectif et qui n’est pas demandé aux ressortissants d’autres pays. Par ailleurs les contraintes financières (garantie de logement, caution, garantie de revenus) sont très sélectives pour les jeunes d’Haïti. Il y a environ 3 200 étudiants haïtiens actuellement en France mais leur sélection reste assez opaque.

Il est pourtant évident que c’est par l’accueil d’étudiants que peut se faire une véritable coopération.

  • Le français en Haïti

Il faut rappeler que Haïti est l’un des membres fondateurs de l’OIF et que le français est la langue officielle d’enseignement à Haïti même si elle est en perte de vitesse dans la population au bénéfice du créole.

Il n’y aurait désormais que 42% de locuteurs de français même si 80% de la population le comprenne.

Le problème pour la pratique du français vient aussi de l’effondrement du système scolaire public. En fait, 80% des écoles sont des écoles privées (rem : lorsque l’on parle d’école privée, ce sont souvent des écoles religieuses mais aussi d’écoles communautaires c’est-à-dire gérées par la communauté d’un village ou d’un quartier et financée par les familles ou les dons. A noter que beaucoup de familles n’ont pas les moyens d’envoyer les enfants longtemps à l’école).

Françoise HOSTALIER explique qu’après le séisme du 12 janvier 2010, il y a eu beaucoup de mobilisation en France pour aider à la reconstruction. Son mari, ingénieur dans le BTP, a participé à la construction d’une école aux normes paracycloniques et parasismiques pour 250 enfants dans la montagne vers Léogane, ainsi qu’un ensemble sportif pour arts martiaux à Cap Haïtien. Actuellement, c’est la construction d’une maison pour l’accueil des personnes handicapées à Hinche, dans le centre du pays. Cela montre que la solidarité avec Haïti continue.

  • Question concernant la pauvreté et les besoins alimentaires

Le sol haïtien est fertile et le climat tropical devrait permettre de nombreuses cultures. A savoir, qu’à une époque, Haïti était auto-suffisant pour l’alimentation. Le problème actuellement est celui de la circulation des denrées et du coût de la vie. A cause de l’insécurité, il est pratiquement impossible de ravitailler les villes et les quartiers. Il faut espérer une amélioration de cette situation.

  • Concurrence d’autres langues

Il faut comprendre que Haïti est le seul pays francophone des Caraïbes. Les autres langues sont l’anglais, l’espagnol et le néerlandais. Il serait donc essentiel de défendre le français en Haïti.

Mais il faut aussi être lucide et comprendre que l’on ne peut pas lutter contre la pratique de l’anglais. Langue d’étude pour les sections supérieures, langue des réseaux sociaux et des séries télévisées…

Il faut que le français apparaisse comme un plus pour valoriser un cursus d’études. Par exemple dans la diplomatie, la justice, etc. Tout le monde parle anglais mais ceux qui parlent français ont un avantage.

  • Qu’est-ce que Haïti apporte à la francophonie ?

Contrairement à certains propos, la francophonie se porte bien. Il y a actuellement 93 pays qui y sont rattachés.

Il faut avoir à l’esprit que la francophonie est synonyme d’attachement à la démocratie, à la notion d’état de droit, aux droits de l’Homme, à la culture, etc.  que ces pays ont en commun.

Haïti est le premier pays de langue française ayant acquis son indépendance en 1804 et le français a toujours été sa langue officielle.

Haïti a apporté de grands écrivains à la francophonie et chaque année, il y a à Paris le salon du livre haïtien (cette année ce fut du 30 novembre au 1er décembre à la mairie du 15éme).

De plus, Haïti a beaucoup apporté aussi pour la négritude et le soutien à l’essor littéraire dans bon nombre de pays d’Afrique. Il faut citer dans ce cadre par exemple Jean Prince Mars ou Paulette Nardal).

Il faut savoir que certains mots créoles haïtiens font partie de la langue française comme le mot « zombie ».

A travers sa propre histoire, Haïti a apporté un soutien à l’indépendance des pays africains francophones. Il faudrait pouvoir développer une « francophonie économique » avec tous ces pays.

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