« Quand le vocabulaire est révélateur de l’évolution de nos mentalités et donc de nos sociétés » par Guy MALHERBE
L’ »Euthanasie » est passé de mode pourtant ce mot d’origine grecque désigne « une mort douce » qu’elle soit naturelle ou provoquée.
Le sens de ce mot ayant dérivé vers une mort douce provoquée, il lui a été substitué les mots « suicide assisté » ou « aide au suicide », mais le mot suicide signifie « se tuer soi-même » .
Quant à la mort, elle est devenue « la fin de vie ». Le projet de loi annoncé ne sera pas « un projet de loi sur la mort », mais comme un symbole ce sera « un projet de loi sur la fin de vie » qui ouvre la voie « au suicide assisté « donc à l’euthanasie surtout pour les personnes n’ayant plus leur discernement. Ce sera « le modèle français de la fin de vie ». Un sujet intime qui concerne chacun. Qui peut prétendre ne pas vouloir mourir dans la dignité ?
Le vocabulaire est révélateur de l’évolution des mentalités. Notre société ne veut plus regarder la mort en face ou la regarder différemment.
Il faut que le débat à venir soit sain, ordonné, serein, éclairé et se déroule sur des bases intellectuelles honnêtes mais comment faire quand le texte arrivera en discussion à l’Assemblée nationale le 27 Mai prochain à la veille des élections européennes du 9 juin pour être examiné au Sénat seulement qu’à la rentrée.
On constate cette évolution dans de nombreux autres domaines, ou notre société emploie des euphémismes, ainsi un aveugle est devenue une personne mal voyante, un sourd est devenue une personne mal-entendante, une personne handicapée est devenue une personne en situation de handicap, ou une personne à mobilité réduite, un vieillard est devenu un ancien, un senior, un aîné, une personne du troisième âge, voire du quatrième âge, ou encore une personne dépendante, un nain , autrefois exposé dans les fêtes foraines, est devenue une personne de petite taille, un fou est devenu un malade mental, un chômeur est devenu un demandeur d’emploi, un pauvre est devenue une personne précaire, ou en situation de précarité, le sexe est devenu un genre , le père ou la mère sont devenus un parent 1 ou un parent 2, une femme enceinte est devenue dans certains pays une personne enceinte, un pays sous développé est devenu un pays en voie de développement et aujourd’hui, un pays émergeant…
La liste pourrait être allongée de nombreux mots qui ont connu une évolution sémantique révélatrice de l’évolution de nos mentalités et de nos sociétés qui portent aujourd’hui un regard différent en substituant des euphémismes à des mots précis
On n’ose plus dire ? On n’ose plus regarder en face ? Pourquoi ?